Lettre de Denise à Philippe, Royan, ce dimanche 20 septembre 1931
J’ai reçu votre lettre hier, je ne l’attendais pas aussitôt, cela m’a fait grand plaisir. Il fait un temps de plus en plus superbe, j’en serais très contente si vous étiez ici pour en jouir avec moi. Je fais du tennis le matin avec Guy (Massé), et je vais danser au Casino. J’ai retrouvé des camarades de Paris, ou plus exactement, des amis de camarades à moi, ils sont assez gentils et je sors avec eux quelquefois le soir, Guy (Massé) ne quittant plus sa mère depuis le départ de Simone.
"J’ai retrouvé des camarades de Paris, ou plus exactement, des amis de camarades à moi"
Ça ne vous ennuie pas ? Parce que la bande, que j’ai complètement plaquée, a l’air de croire que je flirte avec eux, alors, si ça vous contrarie, je ne les verrai plus. Le petit type blond ou roux me fiche la paix et arbore un air vexé chaque fois qu’il me rencontre.
Hospitel a une fluxion (il est joli !), et depuis votre départ, le photographe de Cinesport me filme chaque fois que je passe devant lui. Vous recevrez cela dans votre prochaine lettre.
Série de Phoros réalisées par le photographe de Cinesport
Je suis retournée voir « David Golder » (le soir où vous m’écriviez), cela m’a plu au moins autant que la première fois. C’est tout ce qu’il y a d’intéressant ici, et malgré cela, je n’ai pas le temps de lire, ni de me faire les ongles… c’est terrible.
Je suis retournée voir « David Golder »
Phil, j’ai beaucoup de peine que vous soyez parti. Je pense aussi à votre ami Pierre(Bouzin) et à Vera (ils ne s’en doutent sûrement pas) et je me demande si un jour, nous nous aimerons de la même façon qu’eux. Seulement, je crois que nous serons toujours séparés, continuellement, et c’est triste, triste, cela, Phil, le sentez-vous aussi ?