Lettre de Philippe à Denise, Nantes 27-10-1931
Vous me reprochez ma paresse et prétendez que je vous oublie –si vous saviez combien de fois j’ai pensé à vous tous ces jours derniers, vous verriez que je ne vous oublie guère et que vous occupez toujours, bien qu’absente, une grande partie de ma vie.
Denyse, vous faites du dessin, vous avez trouvé une amie aussi gentille qu’exotique (Indira Sher-Gil, NDLR), vous êtes heureuse, Simone, reçue, fait des projets (présentez-lui mes félicitations) aussi peu consistants que la S.D.N. où elle veut entrer (et ce n’est pas peu dire). Bref, tout va bien pour vous. Et voici pour moi : j’ai appris que j’étais collé –n’allez vous pas désespérer pour moi ?- et je ne sais guère ce qu’il va advenir de moi.
Pourtant, vous savez que j’ai tout fait pour réussir mais il n’en a été mis qu’un seul sur les 25 à 30 candidats que nous étions à Nantes et dans toute la France, il n’y en a que 25 de mis. Autour de moi, mes camarades sont désespérés et j’en connais deux qui viennent de s’engager pour 5 ans dans la flotte.
C'est très certainement au 4ème Dépôt des Equipages de la Flotte, situé à Rochefort et en fonction de 1830 à 1945, que les deux candidats malheureux sont allés s'engager pour cinq années.
Demain, je m’en vais à Royan, là-bas, je réfléchirai et je choisirai. Oh ! tout serait simple s’il n’y avait pas vous…
"Demain, je m’en vais à Royan, là-bas, je réfléchirai et je choisirai."