Lettre de Philippe à Denise, Bordeaux, 04-04-1932

Hier soir, je ne vous ai pas écrit en rentrant après-diner dans ma chambre, je me suis mis à songer à vous et je n’ai pas osé vous envoyer mes pensées, trop tristes. Ce matin, en rentrant du cours, je me sens plus fort, plus qu’hier à cette heure-ci.

Il fait ici presque chaud et les nuages qui passent dans le ciel n’arrivent pas toujours à cacher le soleil qui me fait regretter les jours de pluie de Royan. Les cours ont commencé ce matin et je me sens repris par le travail, je commence l’effort qui durera jusqu’à l’examen mais à la peur d’être éliminé s’ajoute le peur de vous perdre. Où êtes-vous à cet instant, au Garden, ou peut-être au Casino, ou même à la petite plage de « Suzette »

Cette "petite plage de Suzette" m'a donné bien du souci... Aucune trace sur Internet. Mais grâce à l'Office de Tourisme Destination Royan Atlantique et à l'aimable collaboration de Damien Betti, conseiller en séjour, j'ai pu résoudre l'énigme. Cette plage de Suzac, à la sortie de Meschers-sur-Gironde en direction de Royan (photo ci-dessus), se termine par de minuscules "criques" enserrées par des falaises de calcaire immaculées, et chacune forme, en quelque sorte, une petite plage privée. Phil et Denise y ont certainement passé de doux moments dans l'une d'elles, que Philippe aura baptisée plage de "Suzette". D'ailleurs, en 1960, j'avais 7 ans, je me souviens que mon père avait parlé de la plage de "Suzette", où il m'emmena me baigner.

Je suis triste et j’attends l’enveloppe  qui m’apportera votre pensée. Denyse, donnez-moi du courage, j’ai besoin de vous, j’ai besoin d’avoir confiance en demain. Serons-nous heureux un jour ?

(Reprise de la lettre)

Et puis non, je ne veux plus désespérer, je veux vous gagner et être fort pour tous, même pour vous. Mon sourire doit être revenu sur ma figure et vous devez vous demander d’où vient ce changement : environ vingt minutes de réflexion et une décision de prise.