Lettre d’Indira à Denise, Paris, 11 rue Bassano, date estimée : début avril 1932
Ma chère Denise
Je vous remercie infiniment pour les deux cartes que vous m’avez envoyées. J’espère que vous me pardonnerez de n’avoir pas répondu avant, mais j’étais assez prise toute la semaine ; mais je l’avoue aussi, que j’étais un peu paresseuse. Merci beaucoup, ma chère, pour votre gentille invitation[1]. Oui, nous viendrons avec plaisir.
J’espère que vous avez passé de bonnes vacances et que vous êtes bien reposée. Vous me raconterez tout ce que vous avez fait pendant ces deux semaines quand vous serez de retour à Paris.
Chez nous, c’est toujours la même chose. Amri travaille beaucoup.
une oeuvre d'Amri datée de 1932: La jeune Gitane hongroise
Et moi, un peu plus que d’habitude (mais ça ne veut pas dire grand-chose).
J’ai des ennuis depuis quelque temps avec mon pied, j’ai une sorte d’éruptions sur le pied gauche ; je suis allé voir le médecin, qui m’a rassurée, que ce n’était pas grave, mais que cela va durer assez longtemps. N’est-ce pas que c’est embêtant ?
Mais assez de ces histoires, passons à un autre sujet. Ah oui, avant que j’oublie, je vous ai excusé auprès de Lonçon[2]. Il était désolé que vous n’étiez pas venue. Oui, en effet, c’était dommage, car on s’est très bien amusé.
Alors, au revoir, Denise, au plaisir de vous revoir bientôt.
Indu
PS : Rappelez-moi au souvenir de Simone
[1] Denise a invité les sœurs Sher-Gil à venir au cours de l’été 33 à Royan. Ce projet ne pourra aboutir, en raison du travail intense d’Amrita, qui veut achever plusieurs portraits à la fois. D’ailleurs, Amrita ne viendra jamais à Royan, tandis qu’Indira passera le mois d’août 1934 là-bas avec Denise.
[2] Mes recherches sur Lonçon n’ont pas abouti. Il est vrai que l’orthographe d’Indu est assez approximative.