Lettre de Denise à Philippe, Paris, mardi 25 décembre 1934

Phil, je pense que tu as du t’ennuyer pour Noël. Tu ne dois pas connaître beaucoup de gens au Havre. Moi je ne me suis pas amusée non plus. Je suis restée à la maison hier soir –selon la coutume- et aujourd’hui aussi. Je tousse toujours et ça m’agace. Je devrais me coucher pendant deux jours, mais je sais bien que je n’aurai pas le courage de le faire.

J’espérais recevoir une lettre de toi. Dans celle de samedi, tu disais « Je t’écrirai ce soir »… Dis donc, si je me fâchais moi aussi, toutes les fois que tu me dis : je t’écrirai ce soir… et que tu ne le fais pas ?

Tu as sûrement reçu ma lettre. Elle était écrite depuis longtemps et j’avais fermé l’enveloppe –pour être sûre que je te l’enverrais. C’est ce qui explique que je te croyais loin du Havre.

Que fais-tu maintenant ? Sais-tu à peu près où tu iras et quand tu reviendras ? J’ai le cafard de penser que tu seras tellement loin. Enfin, je te verrai dans quatre mois ! Mais tu sais, je veux absolument te voir toute seule au moins un ou deux jours. Arrange-toi comme tu voudras.

Et puis aussi, je veux qu’on passe Noël ensemble, l’an prochain, dans un endroit quelconque. J’ai pris cette résolution hier, pendant la messe de minuit –j’ai eu le temps, elle dure une heure ½. Ce n’est sûrement pas une chose impossible, puisque c’est le moment où tu rentreras à Bordeaux. Je commence à désespérer et à me demander si ça arrivera jamais…

                                                 

 Paroisse St Vincent de Paul à Clichy, messe de minuit 1934  La relique de St Vincent de Paul (un minuscule ossement) venait de disparaître mystérieusement en cette année 1934. Elle ne fut retrouvée qu'en 2017, sous une latte du plancher du clocher.

 "Image sainte", paroisse St Vincent-de-Paul à Clichy

Ecris-moi une longue lettre avec plus de détails sur ce que tu fais, que dans la dernière, où tu ne me dis presque rien.