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De si longues Fiançailles
22 mars 2020

Lettre de Denise à Philippe, Paris, ce vendredi 10 juillet 1931

Phil, je suis désolé que vous ayez reçu ma stupide carte au moment où vous appreniez que vous étiez collé à votre examen, mais c’est la négligence d’un employé à la poste qui est responsable de cela, car hier, on m’a remis en même temps vos deux lettres.

La deuxième m’a fait beaucoup de peine, pas parce que vous êtes collé, mais parce que je vous sentais tellement découragé. Phil, je voudrais vous rendre confiance en vous-même, et en moi, surtout. Il me faudrait des événements beaucoup plus graves pour ébranler la confiance que j’ai en vous. Je pense que c’est surtout votre orgueil qui souffre en ce moment, et je ne veux pas vous gronder, bien que vous le méritiez, pour certaines phrases de votre lettre, dont je me réserve de vous parler lorsque je serai près de vous.

Hier a été pour moi une journée à marquer d’un caillou noir, puisque le matin, Simone a appris qu’elle était collée elle aussi. Elle a passé toute la journée entre les crises de larmes et les crises de nerfs, ce n’était pas précisément drôle. Elle ne veut pas se présenter en octobre, mais comme mes parents sont d’un avis contraire, je ne sais trop ce qui va se passer. Le seul résultat sera peut-être de nous faire partir plus vite pour Royan. Je n’ose pas trop m’en réjouir maintenant, car je pense que pour vous, ce sera plus dur de ne pas me voir lorsque vous me saurez tout près de vous, que lorsque je suis à Paris ou en Dordogne.

1932 07 10 Aubeterre La Drone  1932 07 10 Aubeterre sur Dronne la ville

"...en Dordogne" (photos prises par Denise): une visite à Aubeterre en 1932. Aubeterre (qui est devenue en 1962 Aubeterre-sur-Dronne) est aux confins des départements de la Charente (auquel elle est rattachée administrativement) et de la Dordogne (qui a tendance à se l'annexer touristiquement). A gauche, vue de la rivière Dronne et à droite vue générale sur la bastide.

Enfin, Phil, c’est seulement un mauvais moment à passer, nous n’en serons que plus heureux après, vous serez reçu en octobre et vous tâcherez de venir me voir pour la Toussaint ou pour Noël. Il faut me promettre de ne pas avoir de peine.

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