Lettre de Denise à Philippe, Paris, vendredi 2 juin 1933
Je ne comprends rien encore à ton silence. Voilà plus de quinze jours que j’ai reçu de toi un mot très court, et depuis, il est impossible que tu n’aies pas trouvé quelques minutes pour m’écrire… Je ne viens pas te faire de reproches, seulement te dire que tu me fais beaucoup de peine. Je ne devrais pas t’envoyer cette lettre, mais ce soir, je suis si triste qu’il m’est impossible de résister au désir de me rapprocher de toi d’une façon quelconque.
"Je suis si triste..." Détail d'un Portrait de Denise "La jeune fille en noir", 1933, Amrita Sher-Gil
Ecoute, Phil, tout le reste m’est égal, mais quelquefois, je me demande si tu m’aimes vraiment ; tu es si bizarre. Tu me reprends quand je veux t’oublier, pour m’abandonner ensuite… alors, je ne comprends plus. Je ne sais plus si tu es à Royan ou à Bordeaux. J’espère tout de même que ceci te parviendra et je t’embrasse bien tristement.