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De si longues Fiançailles
28 juillet 2020

Lettre de Philippe à Denise, Bordeaux, samedi 30 juin 1934

 Ne te fâche pas, je t’en prie si je ne t’ai pas écrit depuis deux mois[1]. Tu sais que lorsque je passe quelque chose, je n’aime pas trop me prononcer et que j’ai le trac, alors je ne veux pas t’en faire part.

 Je n’ai pas encore le résultat de mon concours d’Istres … il ne doit paraître qu’au mois d’août.

 Je suis admissible à Elève-officier mais collé pour 8 points à lieutenant. Je dois aller passer l’oral au Havre vers le 25 juillet et ne serai à Royan que dans les premiers jours d’août.

1934 07 04 Ouest-France  Admissible...! (Ouest-France du 4 juillet 1934) on notera l'erreur sur le nom

 Depuis que je ne t’ai plus écrit, je n’ai pas fait grand-chose : j’ai couru quelques régates et j’ai travaillé. Mais au milieu de mon examen, j’ai reçu une lettre de ma mère me disant que mon oncle[2] -le frère de mon grand-père - venait de mourir. Cela a porté un coup terrible à mon grand-père et dès que j’ai eu fini, je suis allé à Royan pendant quelques jours.

1934 06 30 le-breuil-1892 Jean Dyvorne

L’une des rares photos que je possède et où figure Jean Dyvorne : la famille Dyvorne en 1892, à Arces (Charente maritime) : de gauche à droite, assis, Lucie Dyvorne (1884-1960), mère de Philippe ; Jean Dyvorne (1876-1934), jeune frère de Paul. Debout : Maurice Dyvorne (1887-1923), jeune frère de Lucie, Valentine Pinaud (1863-1935), femme de Paul ; Paul Dyvorne (1860-1946), grand-père de Philippe ; Noémie Lortie (décédée en 1911), mère de Paul et Jean.

J’ai reçu les photographies, mais celle que je préfère est celle où tu es dans un bois avec une autre jeune fille, parce que ta pose est beaucoup plus naturelle.

1934 06 30 Forêt de Compiègne Denise et Indira  Forêt de Compiègne, Denise et Indira

 J’ai lu il y a quelque temps La Voie royale et les Conquérants de Malraux. C’est très curieux parce que cela complète bien La Condition humaine –ou plutôt ça la précède bien : dans le premier bouquin, on sent que l’auteur cherche sa voie, dans le deuxième, il l’a trouvée et dans le troisième, il est en pleine possession de ses moyens.

1934 06 30 La Voie Royale Malraux       1934 06 30 Les Conquérants Malraux

"J’ai lu il y a quelque temps La Voie royale et les Conquérants de Malraux."

 Je ne vais plus du tout au cinéma –il fait trop chaud- et je reste dans ma chambre, vêtu le plus simplement possible. Les jours s’écoulent un peu trop lentement à mon gré. Et toi, que fais-tu ?

 Pour aller au Havre, je passerai à peu près certainement par Paris, mais je ne sais pas encore la date exacte de l’oral ni quels trains je prendrai. Est-ce que tu seras encore à Paris, ou à Baignes ?

 P.S. : Pour les résultats aux examens, mes félicitations à Simone et  … mes condoléances à Rosé.


[1] La dernière lettre de Philippe remonte en effet au 3 mai.

[2] Jean Dyvorne (1876-1934)

 

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