Lettre de Denise à Philippe, Paris, ce mercredi 11 juillet 1934

Tu ne mérites guère que je te réponde, tu sais… Et je suis furieuse contre moi-même de t’en vouloir si peu. L’excuse que tu me donnes n’en est pas une, parce que tu n’es pas du tout obligé de me parler de tes examens dans tes lettres, et tu peux toujours m’envoyer une carte pour me dire que tu existes.

Je suis très contente que tu sois reçu, d’autant plus que je serai sûrement encore à Paris quand tu y passeras. Alors je pourrai te voir ! C’est une chance sur laquelle je ne comptais pas. Dès que tu sauras quelque chose de précis au sujet de ton oral, fais-le moi savoir pour que je puisse te voir.

Je partirai très probablement pour Royan le 1^er août, mais si tu pouvais t’arranger pour faire le voyage en même temps que moi, ce serait tout à fait merveilleux. Seulement, je ne peux pas remettre de beaucoup mon départ à cause d’Indu qui ne peut rester là-bas qu’au mois d’août. Aussi j’arriverai peut-être à la faire patienter jusqu’au 2 ou 3 (septembre), mais sûrement pas davantage.

Je ne sais pas encore ce que Simone fera. Il y a quelque temps, elle avait des projets grandioses, elle parlait d’aller de Rocamadour à Marseille en bicyclette et par le train, en faisant du camping « dans les hôtels ». Comme le moment de se décider approche, ce sera, je le crains fort, … Royan qui va remplacer tout ce beau programme.

Le jeune Rosé y arrivera seulement le 10, à cause de sa préparation militaire. Simone est reçue définitivement.

Tu me demandes ce que je fais. Pas grand-chose… Je devais faire du camping dans la forêt de Fontainebleau avec Indu et l’aspirant à sa main[1], mais mes très chers parents ne veulent pas, sous prétexte que ce n’est pas convenable avec un jeune homme, et qu’on fait du camping par … snobisme ! (la raison principale, c’est qu’on est fauché et que ça nous faisait économiser l’hôtel). Bref, je suis condamnée à cuire pendant trois jours pour ces idioties. Je m’entends du reste de plus en plus mal avec mes parents, je cherche une solution et je ne la trouve pas… Tout cela n’est pas bien gai.

Une sortie en forêt de Compiègne avec Indira Sher-Gil le 15 juillet 1934

   

   

   Denise et Indira

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[1] Géraud « le Baron » ou Eugène de Ribert-Kajanus, j’hésite…