Lettre de Denise à Philippe, Baignes, jeudi 16 août 1934
Phil, j’aurais peut-être une lettre de toi demain, mais jusqu’à présent, je n’ai rien reçu de Royan[1]. J’ignore si Géraud[2] est arrivé et s’il peut venir me chercher.
Hypothèse: la voiture de Géraud? Denise, 1934
Si c’est impossible, je partirai lundi matin avec mon cousin[3] pour Jonzac, et là, je prendrai le train de Royan… Mais je suis triste en songeant que ça fait encore bien des jours sans te voir… Et le temps est si beau maintenant !
Les journées que je passe sont si monotones que je ne peux même pas dire que je m’ennuie… Je me lève très tard, je reste à peu près nue au soleil dans le jardin, je lis un peu –très peu- et je me couche pour recommencer le lendemain. Mon rhume et ma douleur à la jambe ont à peu près disparu. Comme cela, tu ne souffriras plus en m’entendant tousser !
dans le jardin de Baignes en 1933
Denise dans le jardin de Baignes en 1934 Le jardin de Baignes peint par Eric-Noël, en 1959
Ecoute Phil, il faudra absolument qu’on s’arrange pour partir un jour ou deux la semaine prochaine (ce sera encore possible, puisque Simone sera là). Mais pas en bateau, dans un endroit où nous serons tout seuls. Ça n’empêchera pas qu’on pourra quand même aller à la Coubre, si Brachet ou Durand y sont encore.
[1] Denise écrit de Baignes, où elle réside chez sa tante maternelle, Marie Broussard.
[2] Géraud, l’un des soupirants de Simone, la sœur de Denise. Parfois surnommé « le Baron », j’ignore son nom de famille. Son principal intérêt pour les deux sœurs était de posséder une automobile…
[3] Mon cousin : il s’agit très certainement de Jacques Marboeuf, dont la profession était représentant de commerce et qui avait un véhicule. Il était plus âgé que Denise.