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De si longues Fiançailles
3 août 2020

Lettre de Nelly à Denise, à bord du « El Nil », ce 11 septembre 1934

1934 09 11 Nelly (1)  1934 09 11 Nelly (2)

A bord du « El-Nil[1] »

misr 1939

 

Denyse chérie,

Avant mon arrivée à Marseille, je veux griffonner quelques lignes pour toi : en terre française, je me sentirai si près de toi. Être à Paris sans pouvoir te voir[2]. Le bateau s’arrête demain matin à Marseille, et nous espérons être à Paris le soir. Mon mari[3] devra travailler toutes les matinées au bureau de la F.A.I. Fédération Aéronautique Internationale), rue Galilée[4].

siège de la FAI  Prince Bibesco président de la F

1935 09 06 conférence de la FAI à Dubrovnik Logo FAI

Si tu étais déjà de retour, nous aurions eu beaucoup d’heures à passer ensemble. Tu m’aurais aidé à admirer les merveilles sans nombre de Paris ! Je me propose de passer une matinée au Louvre que j’ai déjà visité en 1924, mais se lasse-t-on du Louvre ? Peut-être une matinée dans les magasins, et rue de la Paix. Je crois que nous ne resterons que trois ou quatre jours à Paris, puis prendrons l’avion du Bourget pour Croydon ! Chérie, veux-tu m’écrire ? Mon adresse sera « Cook and Sons », 2, place de la Madeleine à Paris. Il fera suivre la correspondance.

Publicité pour l'agence Cook 1912

 

Tu ne peux savoir combien je regretterai mon séjour à Paris sans toi, c’était une occasion magnifique de se rencontrer !

J’ai en perspective un voyage pour les Etats-Unis le 27 septembre, mais mon mari craint pour moi le froid et la traversée de l’Atlantique. Je suis sûre de les supporter crânement, c’est une si belle occasion, devrai-je la manquer ?

Vers le 25 octobre, nous serons de nouveau à Paris. J’insiste pour que nous puissions y séjourner au moins trois jours, mais tout dépend du temps dont nous pourrons disposer avant la fin du congé de Georges[5] (le 7 Novembre)

Deux mois pour un tel voyage, c’est bien peu. Si seulement ; il pouvait retarder d’une semaine. Prie beaucoup pour moi, chérie, afin que tout s’arrange pour le mieux et que je puisse enfin te voir !

En attendant, je t’embrasse très tendrement                                  Ta Nilette

P.S. : Hommages de mon mari.



[1] Dans le Journal des Débats, du 9 juillet 1934 : La Marine Marchande égyptienne, par T. Wehbé :

« Un nouveau lien vient de resserrer  les relations traditionnelles de coopération économique entre la France et l’Egypte. Cette dernière, on le sait, est par sa situation géographique, le carrefour de l’Orient, et constitue le véritable point de contact entre lui et les autres puissances méditerranéennes. La France a tout fait pour rendre plus intimes ces relations et leur imprimer une activité de plus en plus grande. L’Egypte, de son côté, n’a négligé aucun moyen d’apporter sa collaboration aux échanges à la fois matériels et moraux existant entre les deux pays…. Sous les auspices de la grande banque égyptienne MISR, a été créée récemment, la société MISR de navigation maritime, première entreprise purement égyptienne de ce genre, qui vient de mettre en service un magnifique paquebot, « El-Nil », destiné à assurer le service rapide entre Alexandrie et Marseille, avec escale intermédiaire à Naples. Initiative particulièrement heureuse appelée à favoriser, dans les meilleures conditions, le tourisme entre la France et l’Egypte.

Nous avons pu visiter l’El-Nil, actuellement amarré à Marseille. C’est un grand paquebot de luxe, de 13.000 tonnes, aménagé avec tout le confort des navires modernes, et dont la tenue à la mer est remarquable. Il peut contenir 500 passagers, répartis en cabines de luxe, de première, seconde et troisième classes, toutes spécialement installées en vue de la saison chaude. Grand salon, salle à manger, fumoir, sont revêtus de marbre. On y trouve un salon de musique, une bibliothèque, une salle de correspondance, un bar, le tout du meilleur goût. Chaque cabine de luxe et de première classe est munie du téléphone automatique, permettant au personnel de service de répondre au moindre appel. Salon de coiffure, infirmerie, salle de récréation pour les enfants, jardin d’hiver, complètent cette organisation, qui ne laisse rien à désirer. La cuisine, confiée aux soins de chefs réputés, assure aux passagers une nourriture parfaite. »

[2] En septembre, Denise se trouve toujours en villégiature à Royan.

[3] M. Awadalla

[4] Plus précisément au n°6 rue Galilée, dans le 16ème arrondissement, dans un hôtel particulier, à partir de 1931, entre Champs-Elysées et Arc de Triomphe. En 1934, le président de la F.A.I. était le prince Bibesco, le Secrétaire général était M. Chollat.

[5] M. Awadalla s’appellerait Georges… Etonnant, car il est musulman. Nelly l’aurait-il « débaptisé » ? Le mystère  reste entier car je n’ai pas réussi à identifier ce personnage qui va bientôt disparaître, au moins juridiquement, de l’horizon de Nelly.

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