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De si longues Fiançailles
14 août 2020

Lettre de Philippe à Denise, Bordeaux, dimanche 7 octobre 1934

Il me semble qu’il y a très, très longtemps que je ne t’ai écrit et encore plus longtemps que je ne t’ai vue, et ce soir –rompant avec toutes mes habitudes- je t’écris avant d’avoir reçu une lettre de toi. J’espérais d’ailleurs en avoir une hier ou aujourd’hui, mais je pense maintenant que ce sera demain.

Je suis un peu sorti cette semaine (deux fois ! et quelles sorties !) D’abord, je suis allé dans une nouvelle salle où on passe les films en version originale … mais il n’y avait que la version qui l’était. Puis je suis allé entendre Ray Ventura[1] au Français… c’était pas mal, mais avant, il m’a fallu ingurgiter un film idiot. On va passer le Grand Jeu et j’irai probablement.

1934 10 07 Ray Ventura            Le grand Jeu 1934

Ray Ventura                                                                        Le Grand Jeu, sorti en 1934

Voilà pour ma vie de désordre et d’amusements –est-ce que tu trouves que je fais trop la noce ??

Jeudi je commence l’examen et ne terminerai que lundi à midi, mais c’est moins long et moins pénible qu’en juillet.

Je n’ai pas encore vu les Durand[2]. La femme du plus jeune a eu une crise d’appendicite et ils étaient tous à la campagne chez les parents de leurs femmes de sorte que j’ai encore la photo que je t’envoie. Tâche de m’en envoyer une autre pour Yves.


[1] Raymond Ventura, dit Ray Ventura, né le 16 avril 1908 à Paris et mort le 29 mars 1979 à Palma de Majorque, est un compositeur français, également arrangeur musical, chef d'orchestre, éditeur de musique et producteur de cinéma, célèbre pour son orchestre à sketches et ses spectacles avec ses « Collégiens ». Au cours des années 1930, il joue un rôle non négligeable pour la promotion du jazz en France. Il est l'oncle du chanteur et guitariste Sacha Distel.

[2] Ce nom de Durand apparaît à plusieurs reprises au cours des années 1933-34, sans qu’il m’ait été possible d’identifier la famille. L’un des frères Durand fait du bateau avec Philippe et Brachet. Nous apprenons dans cette lettre que l’un des frères Durand se prénommait Yves.

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