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De si longues Fiançailles
25 août 2020

Lettre de Denise à Philippe, Paris, vendredi 23 novembre 1934

Phil, tu ne mérites guère que je te réponde aussi vite, tu sais ! D’autant plus qu’il est une heure du matin et je ferais mieux d’aller me coucher. Mais c’est à peu près l’heure que je dois attendre pour être seule avec toi…

Tu me demandes ce que je faisais lundi et mardi soir vers minuit[1] ? Mais certainement ce que je fais cette nuit : je n’étais pas couchée et je pensais à toi. Pourquoi ?

Je viens de relire « Pêcheurs d’Islande », surtout la fin, qui est ce que je préfère. J’ai un peu écrit cette semaine et j’ai beaucoup d’articles prêts ou parus. Je vais être riche le mois prochain ! Ce n’est pas trop tôt, je dois déjà plus de cinq cents francs à ma tante[2] (la vraie, pas le Mont-de-Piété !) Je vais te faire concurrence…

articles Denise novembre 1934        articles Denise pour Minerva 1934-35

 "Je vais être riche le mois prochain!" Extraits du carnet de recettes de Denise (Mon Ciné et Minerva)

Quand tu sauras quelque chose au sujet de ton départ, écris-moi tout de suite. Du reste, puisque tu ne fais rien du tout à Royan, tu peux bien m’écrire plus souvent. Quand je vois la lettre quotidienne que Simone reçoit de Rosé, j’en frémis de jalousie ! (Je ne te demande pas tant … je sais que ça te serait impossible)

Tu sais, j’ai réfléchi. Peut-être qu’au moment de Pâques, tu rentreras juste pour reprendre tes cours à Bordeaux. Et moi, je veux te voir pourtant. Alors j’irai te chercher dans le port où tu arriveras, et on s’arrangera pour rester un ou deux jours ensemble.  Tu veux bien, dis ? Parce que tu sais, j’ai absolument envie qu’on reste tout seuls comme pendant les vacances, même pour très peu de temps. Si je n’ai pas cette perspective, je n’aurai jamais le courage pour passer l’hiver !

Je t’envoie un grand article sur le Commandant Bonnot dans lequel il est même question de sa femme et de sa fille[3]. Tu lui demanderas s’il ne pourrait pas donner une autre photo que celle-ci, où il fait des tas de grimaces épouvantables…

Quelques nouvelles du commandant Bonnot en cette année 1934...

1934 09 22 L a Croix Bonnot Légion d'honneur      1934 11 01 Excelsior (3)   

              22 septembre Légion d'honneur  (La Croix)                                             Le commandant Bonnot à Kénitra                                                            

1934 11 01 Excelsior (1)   1934 11 01 Excelsior (5)

    1er novembre reportage (Excelsior)

1934 11 21 Excelsior  23 novembre, nouvelle affectation (Excelsior)

Hier, Mermoz faisait une conférence sur l’Atlantique Sud aux Ambassadeurs. J’ai voulu y aller, parce que j’ai pour lui une grande admiration (tu ne vas pas être jaloux ?) mais je m’y suis prise trop tard.

Les grandes conférences Théâtre des Ambassadeurs         carton d'invitation conférence de Mermoz aux Ambassadeurs estimé 150 à 200 € le lot de 2 cartons

 Lot de 2 Invitations du Ministre de l'Air pour la "réception du pilote MERMOZ et de l'équipage de L'Arc-en-Ciel", le 28 octobre 1934 au Bourget. Conférence de Mermoz : " Mes traversées de l'Atlantique Sud ", accompagné de Guillaumet, Ginnié, Clavère et Collenot, sous la présidence du général Denain, ministre de l'Air, Théâtre des Ambassadeurs, 22 novembre 1934. (estimation 150 à 200 €)

Décidément, je vais me coucher, il est 1 heure ½. Je suis sûre que tu dors déjà.



[1] Question posée par Philippe dans sa lettre du 20 novembre.

[2] Tante Jeanne Furet-Proutaux. Lorsqu’on déposait un objet en gage au Mont-de-Piété (établissement de prêt sur gages), on surnommait ce dernier « ma tante ».

[3] Je n’ai que très peu d’éléments sur la fille (unique) du commandant Bonnot. Je sais qu’elle avait 22 ans en 1944, ce qui la fait naître  en 1922.

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