Lettre de Denise à Philippe, Paris, jeudi 18 avril 1935

Phil, je t’envoie cette lettre par avion en espérant qu’elle te parviendra avant ton départ d’Anvers. Je t’écris avec des tas de gens autour de moi (au moins huit personnes !) et je suis très pressée (c’est sûr, tu vas être fâché, mais ça n’est pas de ma faute). Je m’en vais samedi matin chez les gens que je connais à St Cloud et j’ai une foule de courses à faire avant.

Méchant garçon, tu ne m’as pas envoyé les photos que tu m’avais promises. J’en étais sûre ! Tu n’es pas chic, tu sais. Envoie-moi au moins les pellicules, j’en ferai tirer et j’en enverrai à ta mère.

A propos, que dit-elle de moi dans sa lettre ? Je suis tout à fait curieuse de le savoir.

C’est malheureux que tu n’aies pas beaucoup d’argent avec toi, je t’aurais fait faire des affaires ! Tu n’imagines pas le nombre de gens qui désirent un panama. Mais tout de même si ce n’est pas très cher, ne peux-tu en rapporter deux en plus du mien ?

 Chapeau Panama traditionnel, paille naturelle, tissé, roulable

Je vais tâcher de t’écrire de façon à ce que mes lettres te parviennent à temps cette fois-ci. Mais toi aussi, écris-moi plus souvent. Et prends des photos, je t’en prie. C’est la seule chose que j’aie de toi quand tu pars.

Je veux te dire aussi une chose. Je t’ai dit une phrase très sotte à Rouen (sur la fidélité des femmes de marins…) Tu as sans doute oublié, mais je veux te dire que tu peux être tout à fait tranquille et avoir confiance en moi. Je suis tellement sage que j’en deviens neurasthénique.

P.S. : n’oublie pas de te renseigner pour savoir si je peux m’embarquer sur Arizona pendant quelques jours en juillet.