Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
De si longues Fiançailles
21 octobre 2020

Lettre de Philippe à Denise, New Orleans, mardi 31 décembre 1935

J’entends de ma cabine les détonations continuelles des pétards que font partir à terre les Américains : 31 décembre au soir, ils fêtent le nouvel an ! Il est 11h et depuis 5h, en France, vous êtes en 1936, probablement tu dors en ce moment-ci et je vais attendre minuit en rêvant de toi, je voudrais que ma pensée parvienne jusqu’à toi et que tu rêves de moi.

1935 12 New Orleans downtown Walker Evans New Orleans, Downtown St, december 1935, Photo Walker Evans

Je suis triste, comme toi, lorsque viennent ces fêtes où tout le monde oublie ses soucis et s’amuse pendant que loin l’un de l’autre –le quart de la terre seulement- nous ne tenons guère à faire comme eux.

Noël pour moi s’est passé à la mer : à 1h du matin, je suis monté prendre le quart et tout en veillant, j’ai rêvé de toi et ce soir, au port, je suis tranquille pour toute la nuit et je crois que j’en passerai une bonne partie sans dormir.

Les sirènes de tous les bateaux du port ont interrompu ma rêverie et la nouvelle année commence.

Maintenant je vais dormir et peut-être te verrai-je en songe.

1935 12 31 La Croix Zig & Puce au XXIe siècle décembre 1935, sortie de Zig & Puce au XXIème siècle

                                                                                                        Mobile, jeudi 9 janvier 1936

Je reprends cette lettre à Mobile où nous sommes depuis ce matin après une navigation assez pénible –brume toute la nuit pour remonter les passes de Mobile et j’étais de quart ce matin de 1h à 5h, qu’est-ce que j’ai pris !

A midi, j’ai eu ta lettre écrite le soir de Noël, dans la mienne, tu sais ce que je faisais à ce moment.

Je t’ai acheté des revues de cinéma et tout à l’heure, j’irai chercher le livre de Anne Lindbergh[1] Je n’ai d’ailleurs ton mandat que depuis une heure et je pense pouvoir le toucher ici. Mais tu sais, ce n’était quand même pas la peine de l’envoyer.

Nous partirons ce soir si nous le pouvons, et nous serons au Havre le 30 ou 31 janvier. Je pense pouvoir débarquer aussitôt arrivé. Je ferai ma malle avant d’atteindre Le Havre, et je filerai aussitôt à Paris.

     


[1] Concernant ce livre voir la lettre du 12 décembre 1935.

Publicité
Publicité
Commentaires
De si longues Fiançailles
Publicité
Archives
Publicité