Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
De si longues Fiançailles
9 décembre 2020

Lettre de Philippe à Denise, Royan, samedi soir 11 juillet 1936

Je veux tout de suite te dire que je t’aime, car j’ai peur que tu l’aies oublié : il y a si longtemps que je ne te l’ai pas dit  que je ne pourrais t’en vouloir de l’avoir oublié.

Je suis arrivé ici hier soir, ayant laissé à Bordeaux les ennuis de l’examen et maintenant, il ne me reste plus qu’à attendre les résultats en préparant l’oral.

Mes parents sont sortis faire la traditionnelle promenade d’après-diner et j’ai préféré rester à la maison. J’ai lu –je ne l’avais pas fait encore- le dernier livre de mon grand-père, un recueil de contes de la région et j’ai songé à t’emmener cet été dans certains endroits dont il parle pour te les faire connaître, et puis surtout –je m’en rends compte maintenant- parce que cela me faisait plaisir de songer à toi et à ce que nous ferons.

Paul Dyvorne 1934       1935 Folklore Saintongeais (1) couverture

 Le dernier ouvrage publié par Paul Dyvorne, dont parle Philippe est "Folklore Saintongeais, sorti en 1935

1935 Folklore Saintongeais (2) dédicace       1935 Folklore Saintongeais (3) sommaire

 Dédicace de Paul à sa fille Lucie, avec une vue d'Oléron, où Paul désire se retirer, après le décès de son épouse. Sommaire de l'ouvrage avec le nom des lieux qui inspirent Philippe pour ses promenades avec Denise 

Mes parents viennent de rentrer et ma mère monte se coucher. Le « Matou », tu sais, le chat qui est très affectueux et qui venait le soir à Pâques nous tenir compagnie, le Matou vient d’avoir un accès intempestif de tendresse : le pot de fleurs a été renversé, il a marché sur mon stylo et a ensuite posé sa patte sur une feuille de papier. Maintenant, il ronronne en me regardant et en clignant des yeux… Que je voudrais que tu sois ici !

Ce matin, j’ai marché un peu puis je me suis installé au soleil à Foncillon. La mer était tellement basse que je ne me suis pas baigné. Après déjeuner, je suis retourné à la plage mais à partir de 2h1/2, il y a eu de l’orage. Je me suis quand même baigné mais je n’ai pas pu évidemment sécher au soleil. Ensuite, je suis allé à Pontaillac avec le chien –il n’y avait plus de shampoing chez le coiffeur mais j’en ai trouvé à Royan ensuite. J’en ai pris 10, 6 pour toi et 4 pour moi. Je t’enverrai les tiens de Bordeaux lundi[1]. Si tu n’en as pas assez, je t’en ferai envoyer d’autres par ma mère.

Je viens de lire et de rêver… une histoire sur des fleurs qui s’épanouissent au mois d’août sur la plaine de Brouage. Nous irons en cueillir et je te raconterai l’histoire.

Statices 1 extrait du chapitre "Les Statices"...

Statices 2 ... de l'ouvrage "Floklore Saintongeais".

Ecris-moi vite quand tu auras reçu ma lettre. Tous ces jours derniers, je ne t’ai pas oubliée et le soir, j’ai toujours rêvé de toi longtemps mais je n’avais pas envie de t’écrire parce que mes pensées n’étaient pas très gaies. Ce soir évidemment,  je ne puis que désirer ta présence mais j’ai l’espoir de te voir bientôt et il me semble que les 40 jours qui nous séparent vont vite passer.



[1] Le fameux shampoing aux œufs découvert par Denise et dont elle ne peut plus se passer. Curieusement, il semble que ce ne soit qu’à Royan qu’on le trouve, puisqu’elle s’en fait envoyer à Paris… !

Publicité
Publicité
Commentaires
De si longues Fiançailles
Publicité
Archives
Publicité