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De si longues Fiançailles
13 décembre 2020

Lettre de Josefina De Bernalès Larrain à Denise, Bordeaux, le 26 juillet 1936

1936 07 26 Josefina Bx (1)  1936 07 26 Josefina Bx (2)

Ecriture en apparence difficile à déchiffrer...!

Non Mademoiselle, je n’ai pas oublié la charmante jeune amie de Nena[1]. Je suis dévorée d’inquiétude à son sujet. Les dernières nouvelles datent de quelques semaines. Elle préparait son départ pour Biarritz et se disait fort déprimée. Indirectement, j’ai appris que son mari[2] n’avait pas obtenu ce qu’il souhaitait et avait quitté le Ministère. Un des ministres se l’était attaché comme secrétaire particulier et faisait la navette Madrid-San Sébastien. Nena et les enfants y étaient. C’est vous dire mon angoisse. Le bombardement et les scènes de carnage y sont effroyables[3].

Explosion d'une bombe dans une rue de Madrid 

Madrid bombardée 1936

 

J’espère qu’elle est à Ubeda[4], là-bas on ne se bat pas. Impossible de communiquer avec.  Je prie Dieu que le Gouvernement soviétique[5] ne soit pas vainqueur. Ce serait une catastrophe pour l’Espagne … et pour ses voisins.

les brigades internationales affiche

Je ne quitterai pas Bordeaux pour le moment et je serai heureuse de vous voir, si vous avez l’occasion de vous arrêter ici. Je me ferai un plaisir de vous  apporter des nouvelles de Nena (aussitôt que j’en aurai)

Je vous envoie, Mademoiselle, mes souvenirs les meilleurs.

Josefina[6]



[1] Nena de Bernalès (1907-1997)

[2] Don Manuel Bermudez de Castro y Sánchez de Toca, qu’on appelle Manolo.

[3] Guerre d’Espagne : le coup d'État du 18 juillet 1936 ayant échoué à Madrid, la ville était tenue par des troupes diverses mais toutes fidèles à la République et qui luttèrent contre les forces nationalistes de Franco.

[4] Ubeda, en Andalousie est le berceau de la famille maternelle de Nena, dont le père est chilien. La situation n’est pas meilleure là-bas et un oncle maternel de Nena y sera abattu à coup de hache. (voir lettre de Nena du 27 septembre 1936)

[5] L’U.R.S.S. ne se contenta pas de fournir des armes, ainsi que de très nombreux conseillers militaires afin de suppléer à l’absence de cadres dans l’armée, ceux-ci étant en écrasante majorité passés au coup d’État. Elle lança également, par l’intermédiaire de l’Internationale Communiste, à la mise en place de Brigades Internationales.

[6] Josefina de Bernalès Larrain, tante paternelle de Nena, vit à Bordeaux avec son frère Hector, qui est consul du Chili.

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