Lettre de Philippe à Denise, Royan dimanche soir 18 octobre 1936
J’ai reçu ce matin l’Aéro[1]. C’est une manifestation de ton existence qui me fait toujours plaisir mais j’espère mieux encore, c'est-à-dire une lettre de toi demain.
Je sais enfin la date de l’oral : je commence le 4 novembre au matin. Je partirai de Royan le 2 au soir et serai à Paris le 3 vers 7h. J’irai directement à l’hôtel faire ma toilette et ensuite je serai à ta disposition. Nous avons encore malheureusement le temps de fixer un rendez-vous … et j’aimerais mieux t’écrire rapidement que je serai dans quelques jours à Paris. Cela fait encore 14 jours avant de te voir.
Tu sais, quand nous serons mariés, je ne te quitterai plus et il faudra que tu me mettes à la porte pour que je ne reste pas avec toi toute la journée. Je travaille et je me promène un peu. Il n’y a plus personne de connu à Royan et quand je me vois tout seul marchant sur la route qui longe la côte entre Royan et Pontaillac, je sens vivement ton absence.
Royan avant et juste après guerre
Ecris-moi vite même si tu viens de le faire, sans attendre une autre lettre de moi. Quand je reçois une lettre de toi, c’est un peu de toi-même que j’ai dans les mains, c’est du papier que tu as touché, qui s’est trouvé près de toi –il y a des fois où j’ai envie de le manger…
[1] Revue à laquelle Denise est abonnée et qu’elle envoie régulièrement à Philippe, car tous deux sont intéressés par l’aéronautique (Saint-Exupéry, le commandant Roger Bonnot, etc.)