Lettre de Philippe à Denise, Royan jeudi soir 26 novembre 1936
Sorlut[1] est venu ce soir me proposer d’aller conduire demain un bateau à la Tremblade –cela fait une belle sortie et nous partirons demain matin de bonne heure. Comme je ne sais pas si je serai rentré assez tôt pour t’écrire demain après-midi, je le fais maintenant.
Il me semble que dans mes dernières lettres, je ne t’ai pas dit le quart de ce que je voulais te dire, que je n’ai pas su assez bien te faire comprendre à quel point tu étais présente dans ma pensée et que c’est à cause de cela que tu ne m’avais pas beaucoup écrit la semaine dernière.
Tu sais, je pense beaucoup au moment où je serai à Paris –dans quelques jours, j’espère- Puis comme je pense que je vais gagner un peu plus quand je débarquerai, je resterai le plus longtemps possible à Paris. Je voudrais tant ne plus te quitter. Je ne désespère plus de l’avenir, comme autrefois, mais par moments, j’ai peur que ce soit toi qui n’aies plus de courage. Il faut t’astreindre à une discipline et avoir confiance.
Je viens de rêver pendant près d’une heure et le contact avec la réalité est pénible.
[1] Nous avons fait connaissance de Sorlut, patron-pêcheur royannais, en 1934 (lettre du 25-26 avril)