Lettre de Philippe à Denise, Rotterdam (mercredi) 30 décembre 1936

J’espérais avoir une lettre de toi en arrivant ici, mais je pense que tu auras du écrire trop tard et qu’elle n’arrivera que demain… nous serons partis.

Nous avons quitté Nantes dimanche matin et nous sommes arrivés hier soir –mardi- ici. Je ne connaîtrai pour cette fois-ci que le port –une faible partie- de Rotterdam.

 Rotterdam, le port

Nous partirons ce soir vers 6 heures et je n’aurai pas le temps aujourd’hui d’aller à terre. Nous serons sans doute vendredi soir ou samedi matin à St Malo. J’espère que ce sera de telle façon que nous resterons assez longtemps. Dès que j’aurai touché de l’argent, je t’enverrai un mandat télégraphique de façon à ce que tu ne perdes pas de temps, et je mettrai en même temps sur le télégramme l’heure de ton départ, ou s’il y a lieu, car je ne sais pas si on peut envoyer des mots en même temps que de l’argent, je t’enverrai un second télégramme.

 Philippe fait le point

Voici encore une fête où nous ne pourrons pas être ensemble. L’année dernière, j’étais à New Orleans ; cette année, je serai plus près de toi : au large de Dieppe à peu près. Je prendrai le quart avec le début de la nouvelle année puisque je monte sur la passerelle de 0 à 4 heures. Tu seras à ce moment-là avec des amis, essaye de penser à moi un peu. Parfois en rêvant de toi, je pense que mon amour pour toi est tout ce que j’ai au monde et je trouve ma part belle. Je veux espérer et surtout je veux que cette année soit la dernière de nos fiançailles. Je veux que ce soit la dernière où nous soyons séparés, et que la plus grande  partie de l’autre nous trouve mariés.

J’ai écrit à ma mère que tu viendrais me voir à St Malo. Cela ne t’ennuie pas ?