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De si longues Fiançailles
4 avril 2021

Lettre de Philippe à Denise, Royan, mardi 13 avril 1937

Je vais quitter Royan dans deux heures pour Brest. Je suis content de partir parce que je vais commencer une nouvelle vie –celle que j’ai choisie pour être plus près de toi[1]. Les premiers jours ne seront pas très intéressants évidemment mais j’aurai à travailler pour nous –et tu peux être certaine que cette pensée me donne du courage. Il est bon d’avoir un but dans la vie.

Je t’ai fait envoyer hier soir un flacon d’œillets des pins, tu as du le recevoir aujourd’hui. Je pense que tu n’as trop cherché qui l’avait envoyé ?

Flacon parfum Oeillets des pins Un flacon de parfum "Oeillets des Pins" de l'époque

J’ai reçu ce matin la lettre de ta mère et la tienne. Tu as raison de me confier tes pensées –toutes tes pensées, même si elles sont tristes. N’aie pas peur d’avoir vieilli après ces épreuves. Tu seras plus femme et tu auras connu la souffrance, mais cela ne t’empêchera pas de redevenir jeune et de rire sans savoir pourquoi, comme à Stosswihr[2].

Les premiers temps seront très pénibles pour ton père, mais maintenant, déjà, la maladie et les suites de l’opération s’éloignent de lui. C’est en l’aimant beaucoup que tu pourras éviter pour lui une crise de désespérance. Ne crois pas à son indifférence ; il t’aime certainement autant que Simone. C’est maintenant par l’affection dont tu peux l’entourer que tu lui rendras ce qu’il a fait pour vous.

Rappelle-moi au bon souvenir de ton oncle et de ta tante[3] et tiens-moi au courant de sa santé. Pour ton père, tu sais à quel point je m’intéresse à lui et je suis sûr que tu me donneras toujours de ses nouvelles. Dis-lui et à ta mère aussi que je pense souvent à eux et que je formule des vœux pour le rétablissement de ton père.



[1] Philippe a de l’humour !

[2] Ce court séjour alsacien (8 jours seulement) aura marqué de son empreinte Denise et Philippe, qui continueront à en parler longtemps. C’était vraiment la première fois que le couple se trouvait seul à seule, hors du triste quotidien qu’ils côtoyaient depuis bien longtemps. Ma mère me parlait toujours de l’Alsace avec des étoiles dans les yeux, lorsque j’étais enfant.

[3] Maurice Proutaux et Jeanne Furet, respectivement frère du père et sœur de la mère de Denise.

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