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De si longues Fiançailles
30 avril 2021

Lettre de Philippe à Denise, Condorcet le 4 juillet 1937

Nous venons de terminer l’examen trimestriel et je pense en avoir les résultats vers la fin de la semaine. Cela n’a pas été brillant, ni pour les autres, ni pour moi, mais j’espère bien être dans la bonne moyenne… et gagner des places dans trois mois. Cela a été un peu du hasard pour passer. Depuis notre arrivée, nous avions eu trop de choses à apprendre pour les connaître vraiment toutes.

Je ne sais pas si tu es maintenant rentrée à Paris ou si tu continues à voyager avec ton oncle et ta tante[1]. J’espère que d’avoir changé d’air t’aura fait du bien et que ton sommeil pour quelque temps ressemblera à celui de Stosswihr[2]. Je ne suis pas allé à terre depuis trois semaines… J’ai préféré rester le samedi et le dimanche pour travailler un peu et mon univers a encore diminué. J’espérais avoir une permission pour le 14 juillet et maintenant je suis certain que nous n’aurons que la journée. J’aurais pourtant ainsi changé complètement de vie pendant quelques jours. Quand tu me verras en octobre, tu vas retrouver le garçon que tu as connu en septembre 1930. Je maigris sérieusement (69 kg !) et vais retrouver la ligne de mes 18 ans.

1937 06 26 Condorcet Philippe Philippe

Quand tu m’écris, parle-moi des livres que tu lis, cat toi au moins, tu as le temps de le faire, et puis si tu vas entendre de la musique, dis-le moi. Cela me fera plaisir car tout est si loin. Parfois je rêve que nous allons au concert entendre des tas de choses que j’aime –des lieds ou du Ravel- Je voudrais aller écouter « Tristan et Yseult » que je ne connais pas.

1937 07 04 la légende Tristan et Yseult opéra de Wagner La légende de Tristan et Yseult, opéra de Wagner

Mes parents ne sont toujours pas installés dans l’île (d’Oléron) et il n’y a pas encore de possibilité de le faire puisque le type que ma mère devrait remplacer ne veut pas s’en aller[3]… Alors, ce sera à Royan que je te trouverai et nous partirons seuls sans doute. Je compte les jours -94 ce soir.

C’est demain que ton père doit quitter la clinique[4], m’as-tu dit. Est-ce que les plaies sont refermées au bras et à la jambe, ou seulement au bras ? Tu me dis seulement : Papa va mieux.



[1] Denise est partie une semaine rejoindre Maurice et Jeanne Proutaux, pour visiter les châteaux de la Loire.

[2] Evocation du séjour en Alsace de fin mars.

[3] Lucie vise un poste à la perception de l’île.

[4] Cela fait plus de quatre mois que Lucien est hospitalisé. Il a subi successivement une amputation de la jambe puis d’un bars.

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