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De si longues Fiançailles
1 août 2021

Lettre d’Indira à Denise, New Delhi, 6 Raisin Rd, 06/03/1938

1938 03 06 Indira (1)  1938 03 06 Indira (2)

1938 03 06 Indira en-tête

Ma chère Denise,

Pardonnez-moi, je vous en prie, de ne vous avoir pas écrit avant, mais je deviens de plus en plus paresseuse. J’ai commencé au moins vingt fois de vous écrire et après quelques lignes, je me suis arrêtée sans pouvoir finir. D’ailleurs il commence à faire tellement chaud, que je ne peux plus rien faire. Je m’étends sur un lit, et je ne m’occupe ni de la maison, ni des domestiques ; tout au plus, je prends un livre et je lis un tout petit peu.

Je ne saurais vous dire combien j’étais navrée par la triste nouvelle de la mort de votre père, quelle chose terrible pour vous tous.

Merci mille fois, ma chère Denise, des livres que vous m’aviez envoyés. J’ai presque tout lu du Balzac, mais ça ne me plaît pas beaucoup. Je trouve la plupart des contes assez tristes, et puis, ça date tellement. Vous ne trouvez pas ?

Je viens de recevoir à l’instant les poésies de Verlaine. Je vous enverrai un mandat la prochaine fois.

Vous ne m’avez pas parlé du petit paquet que je vous ai envoyé, le bracelet, la bague et les boutons ?

J’espère que vous les avez reçus, parce que c’est assez difficile d’en trouver ici. Ecrivez-moi si vous ne les avez pas reçus ; alors, j’écrirai à Kashmir pour que l’on m’en envoie d’autres, je les ai commandés là-bas, quand j’y étais avec mon mari l’année dernière[1].

1943 Indira VKV Sundaram Vivan Umrao  Indira en 1943

Quel dommage que vous ne soyez pas ici ; vous me manquez beaucoup. Je ne trouve personne avec qui je puisse m’entendre : je me dispute avec tout le monde. Je n’ai qu’un seul ami, un vieux monsieur, qui me témoigne beaucoup d’affection, ou plutôt d’amour ; mais il n’est pas dangereux, il fera tout pour moi. C’est un brave petit homme, mais il n’est pas très intéressant.

Nous irons à Simla au mois d’Avril ; nous y resterons pendant six mois. Je ne sais pas si nous revenons à Delhi au mois d’octobre, mais c’est plus probable que nous irons à Magyar (= Hongrie).

Je crois que je ferai mieux de m’arrêter, je me sens abrutie ; ne m’en veuillez pas de vous avoir écrit une lettre tellement idiote. Je tâcherai de mieux faire la prochaine fois.

Je vous embrasse bien affectueusement,                                         Indira

P.S. : Avez-vous des nouvelles de Simone ? Parlez-moi un peu d’elle dans votre prochaine lettre.



[1] Lors de leur voyage de noce, en octobre 1937.

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