Lettre de Philippe à Denise, Brest, le mardi 8 mars 1938

Ce matin, je suis passé sous tes fenêtres et tout le temps dans le train[1], j’ai regardé avec le grand désir de t’embrasser avant de partir –et tout le temps dans le train, j’ai pensé à toi, endormie.

Gare de Brest : Le bâtiment voyageurs, construit par Urbain Cassan dans un style Art déco, commencé en 1936, venait d’être achevé l’année précédente, en 1937. Elle fut endommagée pendant la Seconde Guerre mondiale et, en partie seulement, rénovée après-guerre.

Cet après-midi, j’ai un peu travaillé, fait un bridge puis à quatre heures, j’ai pris le quart. « Lorraine » avait été envahi par les visiteurs et j’ai fait cornac pour trois lieutenants de l’armée de terre. Maintenant, mon hamac va être prêt, je vais me coucher, je m’endormirai, tourné vars la cloison et je rêverai de toi.

Encore un mois et demi. Je ne sais pas si je ne serai pas fou avant. A chaque instant, je pense à toi et parfois, c’est avec autant de réalité qu’en rêve. Je ne suis plus rien lorsque je ne te vois plus.

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[1] Philippe a vu Denise en coup de vent puis a quitté Paris pour Toulon, où l’attend son examen.