Carte à Denise, à bord du Contre-torpilleur « VAUTOUR », jeudi 17 novembre 1938
Il est 8h00 du soir jeudi, nous sommes au large de St Raphaël en train de chercher des croiseurs pour les torpiller –et vers 11h00 ou minuit, nous mouillerons devant St Raphaël pour repartir demain matin à 6h00 pour Ajaccio où nous passerons samedi et dimanche. Hier soir et avant-hier, nous avons passé la nuit aux Salins d’Hyères mais sans communication avec la terre ;
seulement demain matin, avant de partir, nous déposerons O’Neil à terre et embarquerons son remplaçant –il mettra ma carte à la poste- Je crois que ce n’est pas la peine que tu m’écrives à Ajaccio –je n’aurai pas ta lettre. Je n’aurai même pas cela, alors que je ne rêve que de toi depuis mon départ. Je ne peux plus vivre sans te voir.
Il est maintenant 1h00 du matin, nous venons d’accoster avec de la brume, ce qui n’a point simplifié les choses –il y avait un peu d’énervement sur la passerelle et nous sommes passés à 100m des rochers.
Je pense que tu es couchée maintenant et que tu dors. Tu auras une lettre de moi d’Ajaccio puis le 22 ou le 23 au matin, je tâcherai de t’en envoyer une de Hyères, où nous serons retournés.