Lettre d’Amrita à Denise, 14 juin 1938
Ma chère Denise,
Il y a longtemps que je voudrais vous écrire. D’abord pour vous souhaiter une vie heureuse (je crois que vous l’aurez, au fond), ensuite pour vous dire que je ne viens pas en France. Je vais débarquer à Gênes car je fais le trajet sur un bateau italien[1], le Victoria.
Merci tout de même de votre gentille invitation. J’aurais tant aimé vous revoir.
Victor[2] viendra me chercher à Gênes et nous rentrerons tout de suite en Hongrie.
Viktor Egan en 1934 en Hongrie et peint par Amrita en 1938
Je pars dans deux semaines.
Amrita avec sa future belle-soeur Viola et son fils Aron, Zebegény, 1932
Je voulais vous envoyer deux mètres de brocart de Bénarès, j’en ai vu un magnifique morceau en vert et or à Lahore (je sais que vous aimez le vert et que ça vous va bien), mais n’ayant pas pris d’argent sur moi, je suis retournée le lendemain mais c’était déjà vendu ! Je l’ai commandé mais jusqu’ici, je ne l’ai pas reçu et je ne crois pas que ça arrivera avant mon départ, aussi vous enverrai-je du brocart blanc, ou blanc et argent, et pardon du retard ! C’est bête, j’avais voulu que ça arrive en temps pour votre mariage.
L’album avec douze reproductions en couleurs va paraître bientôt (j’espère). On prend tellement longtemps pour toute chose aux Indes ! Il ya déjà six ou sept reproductions prêtes. Pas mal du tout. Je vous enverrai l’album dès que ça paraîtra. Je ferai peut-être une exposition en Hongrie.
Je vous embrasse affectueusement, Amri
[1] Il s’agit très certainement de la compagnie de transport maritime italienne Marittima Italiana, fondée en 1936 comme branche de la société Lloyd-Triestino,, établie de longue date, et qui exploitait à la fin des années 1930 les lignes maritimes entre l'Italie et l'Afrique orientale, l'Afrique australe, l'Asie et l'Australie.
[2] Amrita rejoint son cousin, le docteur Victor Egan. Ils reviendront mariés aux Indes.