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De si longues Fiançailles
27 février 2020

Lettre de Philippe à Denise, Nantes 08-02-1931

Mes deux dernières lettres sont très différentes et vous en avez ri ; vous avez eu tort, infiniment. Je ne veux pas vous dire pourquoi ; cherchez mais soyez assurée que cela me fait beaucoup plus de peine que tout ce que votre mère a pu vous dire de moi.

…. Je viens de fumer une cigarette en me regardant dans le miroir de mon armoire, non pas pour m’admirer, mais pour réfléchir et je suis arrivé à des conclusions idiotes : s’il y a un dieu, il serait à nos dimensions. Je suis un composé de cellules organiques qui disparaîtront un jour et il ne restera sans doute rien de moi, complètement rien. Ne trouvez-vous pas, par suite, que l’agitation humaine est parfaitement inepte et ridicule ainsi que les hypothèses oiseuses de vie future, de paradis and so on ?

Jack London a écrit jadis dans un bouquin intitulé Le Cabaret de la dernière chance ou Mémoires d’un buveur : la raison produisant comme meilleur fruit sa propre dérision. Ce n’est pas si bête que ça. Seulement, ce qui est bête, c’est moi, de vous ennuyer avec de tels propos. Il faut me les pardonner : je suis un homme mort dans son cercueil qui ne pense plus ; alors, dès que j’essaye de le faire, ça ne va plus. Je ne m’ennuie pas parce que je suis occupé, mais je préfèrerais gaspiller ma vie que de rester inerte.

1931 02 08 Jack London bateau Roamer 1911            1931 02 08 Jack London le cabaret de la dernière chance

 

Jack London à bord de son bateau, le Roamer                            Le Cabaret de la dernière Chance, paru en 1913.   

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