Lettre de Philippe à Denise, Bordeaux, vendredi 5 janvier 1934

J’ai un peu honte en commençant ma lettre –parce que si je ne t’ai pas écrit plus tôt, c’est que je boudais, comme un petit garçon auquel on a refusé quelque chose.

Il est vrai que je n’avais peut-être pas complètement tort ! Sais-tu que je suis resté trois semaines à attendre une lettre de toi ? Pourtant, je croyais t’avoir dit combien j’avais besoin de tes lettres. Et au bout de ces trois semaines, je reçois une lettre de Denise me disant qu’elle commence juste ses lettres de 1^er de l’an et j’avais tout lieu de croire qu’elle m’écrivait par politesse –il faut bien répondre aux lettres que l’on reçoit- Je suis aussi très flatté que ta mère me mette sur le même plan que Rosé … mais je ne tiens guère à ce que tes sentiments envers moi soient de même nature que ceux de Simone envers Rosé.

Et puis, ce n’est pas cela que je veux te dire. Tu ne peux pas te figurer combien j’ai le cafard en attendant tes lettres. Parce que, tu sais, j’ai toujours besoin que tu m’écrives. Alors, comme je ne recevais rien, j’imaginais des tas de choses, puis quand j’ai reçu ta première lettre, j’ai boudé et maintenant, je voudrai que ma lettre te soit déjà parvenue pour que tu me répondes.

Ne m’en veux pas de cette lettre très courte, mais je n’ai pas beaucoup de temps. Il est 8h moins cinq et je voudrais la mettre tout de suite à la poste.

J’habite 37 rue Lacornée à Bordeaux

 Nouvelle adresse bordelaise pour Philippe, 37 rue Lacornée.