Lettre de Denise à Philippe, Clichy ce vendredi 22 avril 1938
J’ai été un peu déçue ce matin, j’espérais savoir quelque chose de nouveau. Mais tout de même, je vais te voir bientôt, dis ? Si seulement tu pouvais ne pas recevoir cette lettre…[1]
Ta mère m’a écrit ! Je lui ai répondu, naturellement, mais je me suis demandée pendant une demi-heure –exactement- comment je devais commencer ma lettre. Finalement, j’ai mis « Chère Mère ». Je trouvais ça parfaitement idiot, mais, en somme, je n’ai rien trouvé de mieux.
La svelte Isabel[2] ne m’avait pas attendue jeudi. Il faut te dire qu’à midi, je lui téléphonais –de Clichy- pour un rendez-vous fixé à onze heures. J’avais été malade toute la nuit avec des troubles nerveux et je n’avais pas eu le courage de me lever. J’ai rendez-vous demain à la même heure, aussi vais-je me coucher, car il est déjà une heure.
Dis donc, tu sais bien faire les additions ! Un peu affolée par les 6345 Fr de la caisse d’argenterie, j’ai refait les comptes et j’ai trouvé … 1845 Fr. C’est vraiment une toute petite différence. Au bas de la première page, tu as simplement interverti le chiffre des centaines et celui des mille. Je t’aime bien tout de même.
J’ai mes souliers noirs et blancs et aussi mes souliers blancs.
Ils me vont très bien. J’ai aussi trouvé les sandales de mes rêves –mais pas encore acheté. Tu sais, elles sont en blanc, comme les rouille que nous avions vues.
J’ai fait quelques courses, mais en somme, pas grand-chose. J’ai nos cartes de visite, elles sont très bien.
C’est très bien que mon voyage soit payé pour Toulon. On n’a pas une indemnité de déménagement, par hasard ?