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De si longues Fiançailles
29 février 2020

Lettre de Denise à Philippe, Paris, ce 9 mars 1931

Mon cher grand Phil, vous le voyez, je suis gentille, je vous écris sans même attendre votre réponse. Ce n’est pas comme vous, méchant garçon orgueilleux, quand vous ne recevez rien, vous n’avez même pas l’idée de venir me demander ce que je deviens. C’est tellement plus commode et moins fatigant de se mettre en tête des  foules d’idées stupides, n’est-ce pas ?

1931 Paris 1931 Portrait de Denise à Paris, 1931

Quand je pense que trois semaines encore nous séparent du moment où nous serons ensemble, je suis un peu découragée, d’autant plus que la maison n’est pas trop gaie en ce moment. Simone est partie ce matin, tout le reste de ma famille est à peu près malade, mon père va se faire opérer[1], et nous attendons jeudi un arrivage de cousins de province qui ont jugé le moment propice pour débarquer sans qu’on les invite. Aussi, si vous êtes quelque temps sans recevoir de mes nouvelles, ne soyez pas trop inquiet, c’est que réellement ce sera impossible de vous en envoyer ; et surtout, écrivez-moi quand même, ou sans cela, je croirai que vous ne m’aimez plus !

Dès que je saurai le date de mon départ pour Royan ; je vous le ferai savoir ; d’après ce que vous m’avez dit, je serai peut-être arrivée avant vous. En tout cas, je vous assure que je compte les jours.



[1] Denise ne donne pas de détails sur cette opération. Est-elle en rapport avec la blessure de guerre de Lucien Proutaux, reçue en octobre 1914. Il en a gardé une jambe raide, car les chirurgiens ne purent extraire la balle. Sa santé va irrémédiablement s’altérer à partir de 1936 et il mourra des suites de cette blessure l’année suivante.

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