Lettre de Philippe à Denise, Bordeaux, mardi 24 octobre 1933
Il est une heure du matin et c’est plutôt de mercredi 18 que ma lettre devrait être datée. Il y a une demi-heure, un coup de téléphone m’a appris que j’étais admissible.
Se préparer maintenant à l'oral...
Comprends-tu ce que ce simple mot signifie pour moi ? C’est la réalisation de tout un rêve et surtout, le droit de te revoir… Je passe l’oral à Paris le 13 novembre. J’y serai sans doute vers le 10.
Je suis heureux, heureux…
Une seule ombre à ma joie, c’est qu’un camarade –Cabanet, dont je t’ai peut-être parlé- est collé et je viens de le réconforter en lui disant des tas de choses que je me suis dites lorsque je l’étais… et auxquelles je ne croyais pas.
Et puis ma mère va être si heureuse. Et puis … je t’embrasse, c’est le meilleur moyen de te dire tout ce que je ne sais pas exprimer.
Je reste à cette adresse jusqu’à la fin du mois. D’ici-là, je t’écrirai où j’habiterai, mais écris-moi ici avant le 30 et oublie que cela fait très, très longtemps que je ne t’ai pas écrit. D’ailleurs, de cela, il ne faut pas m’en vouloir, depuis 4 jours, j’attends les résultats et je ne vivais plus.
La semaine dernière, j’ai navigué avec le Mégophias, je suis allé au ciné ( !) aussi –mais je t’en parlerai une autre fois.