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De si longues Fiançailles
16 mars 2021

Lettre de Philippe à ses parents, Swansea, 7 mars 1937

Mes chers Parents,

Nous sommes ici depuis vendredi matin mais nous n’avons pas encore commencé à charger… au milieu d’un bassin, amarrés sur des coffres, nous attendons sous la neige… Nous devons quitter l’inaction demain à midi pour aller sous un « spout [1]», mais nous ne quitterons certainement pas Swansea avant la nuit de mardi à mercredi.

Will Evans 1888 1957 St Mary Church sous la neige Swansea 1945 Swansea en 1945, St Mary's Church sous la neige, par le peintre gallois Will Evans (1888-1957)

Etant donné la situation –nous ne pourrons pas être à Nantes avant vendredi soir- je prévois que le voyage suivant, qui sera évidemment plus long, me conduirait jusqu’au 30 mars, et c’est pourquoi j’ai prévenu le Commandant que je débarquerai à Nantes. Mais je ne quitterai probablement pas le bord aussitôt arrivé, car on ne me trouve pas de remplaçant et je ne débarquerai sans doute qu’au moment de l’appareillage le 16 ou le 17.

De Nantes, je me rendrai à Royan, où je laisserai mes affaires et ensuite je monterai à Paris. Je pense que notre voyage en Alsace n’aura pas lieu et que je ne verrai Denise qu’à Paris : on a opéré son père hier samedi, après lui avoir fait une analyse du sang. Il paraît que c’était la seule chose qui restait à faire et qu’il a 30% de chances de s’en tirer.

J’espère que ce voyage-ci, je trouverai Annie[2] à Nantes ! Je compte aller la voir samedi prochain.

Voilà les nouvelles. Je vous embrasse très affectueusement et j’espère que ma lettre trouvera Lucie complètement rétablie et Papa[3] toujours en bonne santé.

Philippe

P.S. Il est donc inutile d’envoyer le costume gris à Paris.



[1] Philippe écrivait, le 12 décembre 1936 : « On charge le charbon avec un « spout », c’est une sorte d’ascenseur qui élève les wagons à 6m de hauteur et les chavire dans une dalle qui conduit le charbon dans les cales. C’est un appareil qui n’est pas mal mais qui produit de la poussière de charbon et du bruit ! »

[2] Annie Postel du Mas, la demi-sœur de Philippe (voir lettre du 23 mars 1937)

[3] En raison de l’absence de père (Philippe est né hors mariage et il n’a pratiquement jamais vu son géniteur, Henry Postel du Mas, mort en 1926),  Philippe appelle donc son grand-père Paul Dyvorne « Papa ».

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