Lettre de Philippe à Denise, Swansea, samedi 6 mars 1937

Je n’ai eu ta lettre que cet après-midi vers  5h. Je voudrais bien connaître les premiers résultats de l’opération de ton père. J’espère qu’il résistera à cette secousse, ce serait trop triste autrement.

Je n’ai pas peur que tu m’apportes la « poisse », au contraire, je t’apprendrai le secret qui fait réussir les projets –ou qui rend heureux quand même, s’ils ne réussissent pas. Nous avons la vie devant nous, et c’est peu, que sacrifier une petite joie pour faire plaisir à d’autres. Je voudrais, pour te donner du courage, te faire sentir tout ce qu’il y a en moi. Autrefois, j’ai eu le cafard –lorsque j’hésitais entre toi et la mer- et je n’avais cette impression de déséquilibre que parce qu’il y avait deux routes devant moi. Maintenant, il n’y en a qu’une et je suis sûr de la suivre.

Dimanche soir, une nuit et une journée viennent de se passer –très calmes. Nous sommes encore au milieu d’un bassin à attendre notre chargement. Je voudrais bien être fixé sur ce qui se passe chez toi, mais je suis sûr que tu me préviendrais s’il arrivait quelque malheur.

 Swansea, vue générale de la ville, années 30

 Swansea, panorama actuel

J’ai décidé aujourd’hui de débarquer à Nantes … vers le 15 ou le 16 mars. Parce qu’étant donné le retard que nous avons si je faisais le voyage suivant, je ne pourrais pas débarquer avant le 29 ! De Nantes, je viendrai à Royan puis j’irai te rejoindre à Paris.

Lundi matin, je vais descendre à terre pour savoir quand nous devons manœuvrer pour aller sous la charge.