Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
De si longues Fiançailles
24 juillet 2021

Lettre de Philippe à Denise, Brest, jeudi 17 février 1938

1938 02 15 Bar Hôtel du Globe 82 rue de Siam Brest

En-tête « Hôtel du Globe[1], 82 rue de Siam, Brest

Je viens de sortir, cela fait seulement deux jours que j’ai quitté l’infirmerie, et j’étais encore libre de ne pas faire le quart.

infirmerie moderne

Ma lettre va te rendre furieuse, car je crois que nous allons être obligés de changer un peu nos projets.

D’abord, je ne puis aller à Paris dimanche (20 février), cela ne fait pas assez longtemps que j’ai repris mon service (ce matin) pour demander aussitôt une faveur. J’aurais pourtant bien voulu te voir après la lettre que j’ai reçue il y a une heure ! Je ne suis pas peiné par ce que tu me dis, tu as raison, j’ai trop souvent pensé que tout le monde était comme moi, et puis aussi, tu as raison lorsque tu dis que personne ne nous a aidés ni facilité notre mariage. Ceux qui nous entourent se sont contentés de s’incliner devant les faits et c’est tout.

La deuxième chose ennuyeuse, et de beaucoup, est celle-ci : j’ai demandé hier au lieutenant de vaisseau chargé de nous, sur combien de jours je pouvais compter au moment de mon mariage. Il m’a dit ceci : « Vous pouvez prendre 12 jours après l’examen, mais je vous conseille d’attendre plutôt d’avoir votre embarquement, après le 15 avril. Après, vous pourrez demander plus. » Je lui ai demandé alors si, ne prenant pas de permission avant mon nouvel embarquement, je gardais encore mes 12 jours ; il m’a répondu que oui.

Alors, je pense que nous pourrions peut-être faire ceci : je ne prends pas de permission, je retourne à bord de « Lorraine » après mon examen et j’attends mon nouvel embarquement. Lorsque je l’ai, j’y vais, je prépare un appartement, tu pourrais me faire envoyer les affaires que nous aurons, de façon à ce que tout soit prêt pour te recevoir. Puis je demande ma permission et je viens à Paris pour t’emmener avec moi.

J’ai encore beaucoup d’autres choses à te dire, mais il faut que j’aille poster ma lettre, puis que j’aille chez le dentiste. Je t’écrirai encore ce soir pour te dire qu’il ne faut pas que tu te désoles : nous nous marierons et maintenant, je suis décidé à ne plus rien demander à mes parents. Je ne leur dirai rien, tu peux en être sûre, et puis, plus que jamais, je suis décidé  à ne voir que ceux que nous choisirons comme amis. Roger (Bonnot) m’a écrit –il ne pourra pas être mon témoin et il me dit des tas de choses aimables pour nous deux.

Le vaguemestre distribue les lettres



[1] Sur l’hôtel du Globe, voir la lettre du 4 janvier 1938.

Publicité
Publicité
Commentaires
De si longues Fiançailles
Publicité
Archives
Publicité