Lettre de Denise à Philippe, Royan vendredi 25 septembre 1931
Phil, je n’ai rien reçu encore mais je m’ennuie tellement de vous qu’il faut absolument que je vous écrive aujourd’hui. Pourquoi ne m’avez-vous pas répondu, méchant garçon ? Ma lettre a du vous arriver mardi matin, vous auriez eu le temps. Je ne peux pas m’empêcher de soupçonner Maman de subtiliser vos lettres. Si cela était, écrivez-moi par l’intermédiaire de Mic (Drouin) pour que je sois prévenue.
Je passe demain toute la journée chez un oncle et une tante, à une soixantaine de kilomètres d’ici[1].
Journée en famille à Piaud, chez les cousins de Jonzac, année 1931. De gauche à droite : Julie Proutaux, Simone Proutaux, Andrée Marboeuf-Delmas , Marguerite Graton-Marboeuf , Mme Lefranc (sœur de Thérèse Marboeuf), Marguerite Balard-Graton, Thérèse Pats-Cayret-Marboeuf , Jacques Marboeuf, Lucien Proutaux.
Ça me fait encore un jour avant d’avoir de vos nouvelles, car nous quitterons Royan avant l’heure du courrier.
Je rentre à Paris le 2 (octobre). Je n’en suis pas très fâchée, il fait beau mais froid. Il n’y a plus grand monde ici, et le peu qui reste a l’air de s’ennuyer prodigieusement. Je ne dois pas trop me plaindre, j’ai encore quelques camarades et je joue au Garden tous les matins.
Mais, Phil, vous ne pouvez pas vous imaginer l’effet que cela me fait de ne plus voir votre silhouette familière se dresser devant moi, sur la façade de Foncillon. Il me semble toujours que vous allez venir à ma rencontre, en regardant l’heure d’un air résigné !
"Phil, vous ne pouvez pas vous imaginer l’effet que cela me fait de ne plus voir votre silhouette familière se dresser devant moi, sur la façade de Foncillon. Il me semble toujours que vous allez venir à ma rencontre, en regardant l’heure d’un air résigné !"
[1] Je pense aux cousins de Jonzac, les Marboeuf.