Lettre de Philippe à Denise, Chéray (île d’Oléron), mardi 22 mars 1938
Je suis à Chéray depuis deux jours et j’en repars demain après-midi, il n’y a plus que cela qui compte. Jeudi matin, je te verrai et lorsqu’il nous arrivera de nous séparer, nous serons mariés. Je ne pense plus qu’à cela, c’est si merveilleux.
Je range mes affaires ici et je prépare une caisse que ma mère nous enverra quand nous serons installés ; je n’emporterai demain que deux costumes civils et des chemises dans une grande valise que j’ai achetée.
J’arriverai à Paris à 6h15, comme ce n’est pas une heure pour aller chez ton oncle, je tâcherai de perdre un peu de temps et ensuite je sonnerai au 16[1] vers 7h1/2 ou 8h00.
au 16, les deux soeurs Furet-Proutaux à gauche, puis Philippe et Denise, et l'oncle Maurice à droite, 1938
Te souviens-tu la première fois que nous nous sommes revus à Pâques ? Nous étions en haut de Foncillon et ni l’un ni l’autre ne pouvait parler. Je crois maintenant que c’est cela le Bonheur : ne désirer plus rien parce que l’on est avec celle que l’on aime.
[1] 16 rue Villeneuve à Clichy : c’est l’adresse de l’oncle Maurice et de la tante Jeanne..