Lettre de Nelly à Denise, Le Caire, ce 29 mars 1934

  

Denyse si chère,

J’aurais voulu répondre depuis bien longtemps à ta gentille lettre, mais j’ai été vraiment très occupée. Ma chérie, je commence d’abord par te souhaiter une très heureuse fête de Pâques ainsi qu’à ta chère famille ! Puis, je t’annoncerai mes fiançailles qui viennent d’avoir lieu, il y a une quinzaine de jours ! Mon fiancé[1] est secrétaire au département de l’Aviation Civile, il est très amoureux, déjà depuis deux ans sans que j’en sache rien !

De mon côté, je suis plutôt froide le connaissant à peine ! Enfin ! L’estime réciproque fait déjà partie de notre connaissance du caractère respectif ; et de tout mon cœur, je te souhaite, ma chérie, de trouver l’élu de ton cœur[2].

Enfin, je crois que je vais avoir besoin d’un petit service de ta part : peux-tu être assez aimable et m’envoyer quelques croquis des collections d’été des grands couturiers (robes du matin, d’après-midi, du soir), robes de mariée, de cortège aussi ! Je te serais tellement reconnaissante si tu pouvais m’envoyer la réponse par retour du courrier. Mon mariage aura lieu en Mai et je voudrais commencer mon trousseau ! Nous avons des couturières, mais pas encore un trop grand choix de modèles ! Si cela devait te coûter quelque chose, veux-tu être assez simple pour me mettre au courant ?

Une de mes amies m’a conseillé de commander ma toilette de mariée chez un grand couturier à Paris ; seulement, je suppose que les mesures à envoyer ne sont pas les seules en jeu, le couturier devrait avoir une idée du « genre » de la cliente, de sa façon de porter la toilette, et s’inspirer de tout ceci pour conseiller ! Qu’en penses-tu ?

Pour t’aider un peu au sujet des « croquis », je te dirai que j’aime les toilettes discrètes et très élégantes !

Je suis vraiment confuse de t’ennuyer, Denyse chérie, mais si cela devait t’occasionner le moindre souci, n’en parlons plus, le veux-tu ?

Peut-être pourrais-je te voir un jour, je n’ai pas encore de projets pour l’été mais je te mettrai au courant, et te raconterai tout longuement dans ma prochaine lettre.

Je t’embrasse très affectueusement et reste toujours ta très sincère                  Nilette

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[1]  Son patronyme est Awadalla

[2] J’ai l’impression, que tout au long de ces années de correspondance (dix années en 1934), Denise ne se confiait pas autant que Nelly, puisqu’on constate que cette dernière n’a pas connaissance de l’existence de Philippe.