Lettre de Philippe à Denise, La Nouvelle Orléans, 18 octobre 1935
Je reviens –puisque tu me le demandes dans ta lettre- mais probablement pas très vite. Nous repartons ce soir de Nouvelle Orléans et serons au Havre dans 20 jours. Nous sommes ici depuis le 4 octobre et nous avons pris tout notre chargement dans ce port.
Le port de New Orleans en 1885 puis en 1914
New Orleans n’est pas mal comme ville mais je n’ai guère pu la voir –j’ai eu pas beaucoup de choses à faire et le jour où j’aurais pu faire une très chic balade –un des chargeurs a emmené quelques-uns d’entre nous au lac Pontchartrain[1]- ce jour-là, j’étais de quart. De sorte que je n’ai rien vu ou presque.
Une vue de New Orleans prise en 1935 Le lac Pontchartrain à l'heure actuelle
Comme à La Havane, où cela avait été la même chose, et que Mobile et Gulfport sont deux petits trous, les souvenirs que j’aurai de ce voyage seront assez maigres. Je n’ai d’ailleurs pas encore pris une seule photo, peut-être en prendrai-je une en passant devant Miami, car on longera les côtes d’assez près sans doute. Enfin, je pense que le prochain voyage sera plus intéressant.
Mais non, tu sais, Denise, je n’ai pas engraissé. Je sais que je ne fais pas beaucoup de sport –comment en ferais-je ?- mais j’ai quand même une vie assez active et je t’assure, j’ai l’impression d’être moins « enveloppé » que l’été précédent.
Ma mère me dit qu’elle t’a vue à plusieurs reprises et que tu es venue à la maison –elle a bien de la veine- et quand je pense à cela, tu ne peux pas réaliser ce que je donnerai en ce moment pour te voir chez nous et t’entendre parler.
Enfin, je te verrai dans 20 et quelques jours et d’ici là, je vais y penser, ce qui me fera paraître le temps moins long
[1] Le lac Pontchartrain est une grande étendue d'eau saumâtre du sud-est de la Louisiane. C'est le second plus grand lac salé des États-Unis et le plus grand lac de Louisiane.