Lettre de Denise à Philippe, Clichy, ce vendredi 4 mars 1938
Nous nous marierons quand tu voudras. Nous pourrons être publiés à partir de la semaine prochaine –douze jours seulement sont nécessaires.
Je vais aller chercher demain ton extrait de naissance que je n’ai pas encore et nous déciderons du jour mardi prochain (8 mars). Ce sera sûrement le mardi 29 mars ou le mardi suivant.
Quelle joie… ! De toutes façons, dans un mois au plus tard, je serai à toi pour toujours. Nous ne nous séparerons plus jamais. Est-ce que tu crois cela possible ? Est-ce que les choses trop merveilleuses sont possibles ?
Je suis contente que ton oral se soit assez bien passé. J’avais beaucoup pensé à toi. L’as-tu senti ?
J’ai des foules de choses à te dire et à te montrer. Je ne sais pas comment j’aurai le temps en une seule journée. Sûrement j’oublierai tout.
As-tu reçu ton autorisation ? Il faut que tu l’apportes, je ne sais pas si les employés de la mairie de Clichy voudraient nous publier, ils disent que c’est ton autorisation qui remplace le certificat de domicile pour toi.
Il faut absolument que tu te renseignes exactement sur ce que tu toucheras comme frais de déplacements –et quand tu les toucheras- pour que nous sachions tout de même sur combien d’argent nous pourrons compter. Si tu arrives mardi soir, écris-moi l’heure de ton train, pour que je puisse aller te chercher à la gare. Ou mets « chez toi » sur le dépêche si c’est l’heure d’arrivée à la maison que tu m’envoies.
Moi aussi, je ne peux plus penser à autre chose qu’au moment où nous serons réunis. Et pourtant, je devrais travailler, j’ai tant de choses à préparer encore. Au lieu de cela, je reste à rêver pendant des heures. La seule chose que je fais avec courage, ce sont les courses… mais ce n’est pas fait pour désabrutir.