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De si longues Fiançailles
17 novembre 2020

Lettre de Denise à Philippe, Royan, lundi 20 avril 1936

Je t’écris encore ce soir, il me semble que cela me rapproche de toi et comme cela, je peux te dire tout ce que je fais.

Tu peux être satisfait aujourd’hui, il a fait un temps épouvantable. Maintenant, la tempête a l’air effroyable, on dirait que toutes les tuiles de Foncillon sont en train de valser. Cet après-midi, il faisait froid et il pleuvait. Je suis tout de même restée sur la plage environ une heure, puis je suis allée à Pontaillac chez le coiffeur, mais il était fermé. En arrivant à Pontaillac, il y avait tellement de vent que je ne pouvais littéralement pas avancer.

Tempête en Charente- Maritime (ex Inférieure) Tempête sur la Charente-Maritime (ex Inférieure)

En revenant, j’ai rencontré ton grand-père[1] qui promenait son chien.

1936 04 20 Paul Dyvorne et son chien en 1932  Paul Dyvorne et son chien "Sultan"

Ce matin, comme je n’avais pas ton réveil, ma tante[2] est venue frapper à la porte de ma chambre à onze heures et demie, pour demander si j’étais malade !

J’ai rangé mes affaires, elles en avaient besoin –et j’ai écrit des lettres- dont la fameuse à Marjorie que je n’arrivais pas à faire. Je ne me suis pas trop ennuyée. Et puis je pense que dans quatre jours, tu seras ici. Alors, ça me donne du courage. Quel dommage que William Bertrand[3] ne se fasse pas élire tous les jours !

Il n’y a absolument personne à Royan.

Je pensais avoir une lettre de toi aujourd’hui. Je me demande si tu m’as écrit hier soir. Moi, je l’ai fait, tu sais. Est-ce que tu as recommencé à travailler ? Je voudrais bien être en août, et en avoir fini avec ce sale examen.

Tu seras gentil d’utiliser un des shampoings[4] de Royan avant de venir, pour pouvoir me dire s’ils sont toujours aussi bons. A propos, si tu veux séduire ma tante d’ici, tu ne dois pas devenir chauve. Elle m’a dit que c’était ce qui la contrariait le plus chez Rosé[5].

Galerie de personnages

Galerie de personnages cités dans la lettre

On donne « La Kermesse Héroïque » cette semaine. Je crois que j’irai jeudi après-midi avec ma tante[6].

Tu vois que je suis une petite fille très sage. Tu ne peux guère demander plus !

Pense à prendre les renseignements au sujet des trains. Mais comme il n’y a plus de directs pour Paris et que je dois passer par Saintes, ça simplifie les choses, puisque le train de Bordeaux passe aussi par Saintes.

Je vais me coucher –je t’écris dans la salle à manger où il y a du feu- tout le monde dort depuis longtemps, il est sûrement très tard.

Je voudrais tant que tu sois près de moi, Phil ! Ce serait si doux d’être ensemble dans une maison à nous. (Je suis bien mal les conseils de Nelly[7]…)

P.S. : je t’écrirai à l’Ecurie, car je ne me souviens plus bien si ton adresse, c’est bien 39 rue Mouneyra, comme j’ai mis sur ma lettre d’hier[8].



[1] Paul Dyvorne (1860-1946)

[2] Il s’agit de la sœur de Julie, Marie Furet, épouse Broussard, propriétaire de la villa à Foncillon

[3] William Bertrand va être réélu député de la Charente-Inférieure dans quelques jours. Denise a été invité à un vin d’honneur à l’occasion de ces élections (lettre du 9 avril)

[4] Denise a découvert le shampoing aux œufs (Dop) depuis peu et s’en est entichée. J’ai subi les shampoings aux œufs toute mon enfance et je déteste ça.

[5] Lucien Rosé, futur beau-frère de Denise

[6] Denise a déjà vu le film à Paris en décembre 1935.

[7] Allusion à la lettre de Nelly Zaky du 18 avril qui vient d’informer Denise de son divorce

[8] Philippe va prendre ses repas tous les jours au restaurant-foyer pour étudiants baptisé «L’Ecurie-Palace» à Bordeaux. L’adresse «39 rue Mouneyra» est bien exacte.

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